Désamiantage et mise en
sécurité du campus Jussieu
Quelques points de repère
1964-1972 :
- Construction inachevée du “ gril
”
du campus Jussieu : la structure
métallique des 37 barres et demie et de la tour centrale est
floquéee à l’amiante pour la protection
incendie (alors que des procédés de
flocages sans amiante existaient et que l’on
connaissait déjà les dangers de l’amiante).
Toutes les variétés d’amiante sont
utilisées : chrysotile et amphiboles -amosite et
crocidolite.
1974:
- Découverte du problème de l’amiante à
Jussieu.
- Création du collectif
intersyndical
amiante qui dénonce les dangers de
l’amiante en général et à
Jussieu en particulier.
- 26 juillet :
rapport de la Sous-Commission de
Sécurité de la Préfecture de Police qui
recense les graves problèmes de sécurité
incendie sur le campus et dresse une liste de 58 recommandations
à mettre en oeuvre pour assurer la sécurité
incendie sur le campus, la 58e préconisant d’
“ établir un système d’alarme
dans les conditions fixées à l’article
R 44 et procéder à des exercices
d’évacuation dans les conditions
fixées à l’article R 47 ”.
1975:
- Avril : “ Etude de
la pollution asbestosique dans les
locaux des universités de Paris VI et Paris VII ”,
étude menée par le LEPI (Laboratoire d’Etudes des
Particules Inhalées).
- Août : “
Notions actuelles sur la
toxicité de l’amiante pour l’homme ”, par Jean
Bignon.
- Décembre : rapport
de l’INRS (Institut national de recherche et
de sécurité), intitulé “ Résultats
d’analyses de poussières prélevées dans les
locaux des universités de Paris VI
et Paris VII ”.
1976:
- Janvier : rapport
du CERCHAR (Centre d’études
et recherches des charbonnages de France),
intitulé “ Etude de la pollution par
l’amiante dans les locaux de l’université Pierre et Marie Curie
”.
- Ces 4 études mettent en
évidence des niveaux importants de pollution
par l’amiante à l’intérieur
des locaux de Jussieu, soulignent les
différentes sources de pollution et
mettent en garde contre les risques de maladie
encourus par les personnels. Voir par exemple l’étude
du CERCHAR :“ En conclusion, sachant que les connaissances
ne permettent pas de définir une concentration
limite garantissant l’absence de risque de mésothéliome
pleural dû à l’inhalation de
fibres d’amiante, les quantités de
fibres trouvées dans l’atmosphère des locaux
de l’Université Pierre et Marie Curie
doivent être considérées
comme inacceptables ”.
- Une première tranche de travaux concernant
uniquement l’enrobage de l’amiante
dans les
rez-de-chaussée est entreprise.
1977:
- Arrêté du 29 juin
interdisant le flocage dans les
locaux d’habitation.
1978:
- Décret du 20 mars interdisant les flocages
contenant plus de 1% d’amiante pour l’ensemble des
bâtiments.
- Après une interruption de 3 ans, la 1e tranche de travaux
dans
les rez-de-chaussée, sous maîtrise
d’ouvrage du SCARIF (Service Constructeur
de l’Académie de la Région Ile-de
France) reprend sous la pression des personnels et ne
sera achevée qu’en 1979. Rien ne
sera entrepris dans les
cinq étages du gril.
1980:
- Mai : En
réponse à une question
orale, Madame Saunier Séïté, ministre
des universités s’engageait pourtant “ Bien entendu
les travaux seront poursuivis
dans les années
suivantes ”.
1982:
- Création du Comité Permanent Amiante (CPA),
structure de lobbying des industriels de l’amiante
prônant “ l’usage contrôlé ” de
l’amiante.
- Etude SETEC commandée par le SCARIF
:
“ Note de travail sur l’hygiène et la
sécurité des personnes ”. Dans
cette note, la SETEC mentionne de nouveau “
les risques liés à la
présence d’amiante ” et relève que “ les problèmes
d’hygiène et de sécurité ( et en particulier
la sécurité contre les risques
d’incendie) posés par l’ensemble universitaire de la Halle aux
Vins sont parmi les problèmes les plus
préoccupants de l’étude confiée
à la SETEC ”.
1983:
- Le SCARIF commande également une nouvelle
campagne
de mesures de pollution par l’amiante au
BRGM qui confirme les rapports
précédents.
- 1er juin : note
du SCARIF, intitulée “
Programme de l’Etude de Faisabilité ” concernant le “
traitement des flocages d’amiante au niveau de Jussieu
et supérieurs du gril 12-66 et de
la tour d’administration ”. Il y est indiqué que
le procédé utilisé dans la tranche de
travaux “ pilotes ” de 1982-1983 “ donne unanimement satisfaction
[...] Mais le prix moyen du
traitement atteint environ 700 F. TTC/m2 de
plancher et donc en raison du faible budget que
l’éducation nationale peut consacrer à l’entretien et
à la rénovation de son patrioine
immobilier, certains occupants devraient attendre plusieurs
dizaines d’années avant de vivre en atmosphère
normale. C’est pourquoi il a été
décidé d’étudier des procédés moins
coûteux. ” [....] “ Mais les solutions ainsi mises en
oeuvre sont provisoires et imparfaites ”.
1988:
- 15 février :
Rapport de la Commission de Sécurité
de la Préfecture de Police, suite à la
visite du gril du 22 janvier. Les 58
recommandations de 1974 en matière de
sécurité incendie sur le campus Jussieu, sont
devenues 69, la 57e recommandation étant
d’“ établir un système d’alarme
dans les conditions fixées à l’article
R 44 et procéder à des exercices
d’évacuation dans les conditions fixées à
l’article R 47 ”.
1989:
- Loi du 10 juillet d’orientation sur l’éducation :
les
universités deviennent responsables de la grande maintenance.
- Etude menée par le LEPI, qui donnera lieu
à
publication en 1994. C’est la seule étude
en 25 ans qui se veut “ rassurante ”.
Conduite par Jean Bignon et Patrick Brochard, tous deux membres du CPA,
elle constate une diminution quasiment
miraculeuse de la pollution par l’amiante sur le campus,
tout en reconnaissant que la méthode adoptée
pour l’étude n’a sans doute pas été la
bonne, “ les prélèvements d’air n’ont pas toujours pu
être menés avec une activité normale à
l’intérieur des locaux”.
1992:
1993:
- Juillet :
Procès-Verbal de la
Commission de Sécurité de la
Préfecture de Police, correspondant à la
dernière visite globale du campus Jussieu par la
Commission de Sécurité . Cette fois, la
commission renonce à
dresser une nouvelle
liste de recommandations. Elle convient
avec les universités que “ les
différentes prescriptions
formulées par les Commissions de
Sécurité des 4 décembre 1987, 22 janvier
1988 et 2 décembre 1992 feront l’objet d’une
nouvelle analyse en vue de transmettre un
état exact de la situation
actuelle à la Direction de la
Protection du Public - Sous-Direction de la
Sécurité du Public - 8e bureau. ” Au lieu de
mettre en oeuvre les recommandations, on ne fait plus passer la
commission de sécurité...
1994:
- Prise de conscience de l’existence de maladies
professionnelles liées à l’amiante à Jussieu
: 9 cas à l’automme 1994 (Tableau 30 des maladies
professionnelles “ consécutives à
l’inhalation de poussières d’amiante ”).
- Création du Comité Anti-Amiante Jussieu
en octobre 1994 qui se constitue en
association loi 1901 en mars 1995,
réclame un diagnostic sur la pollution par l’amiante
à Jussieu et le retrait de l’amiante.
1995:
- Les images de Jussieu pollué par l’amiante provoquent une
prise
de conscience générale en France
concernant le risque amiante. Le retrait de l’amiante
commence dans de nombreux collèges et lycées.
- 23 novembre : remise
du Rapport SETEC-BRGM-EUROTEC-FIBRECOUNT sur
le traitement des surfaces amiantées, la sécurité
électrique et la sécurité incendie sur le
gril. Compte-tenu du diagnostic effectué sur la pollution par
l’amiante à Jussieu, (exposition à l’amiante
très élevée ou élevée dans 80%
des locaux) ce rapport “ préconise une opération
globale, massive et rapide d’enlèvement de l’amiante sur
l’ensemble du Campus ”, ainsi que la
mise aux normes de sécurité électrique
et incendie. Sont préconisés des travaux par
tranches s’étalant sur une durée globale de 3
ans. En attendant, cette étude recommande la mise en
oeuvre de “ mesures provisoires d’urgence ”.
- Fin novembre :
Jean-Pierre Dedonder, président
de l’université Paris 7, propose
aux autorités de tutelle
un projet de déménagement
définitif de l’université Paris 7 sur la ZAC Tolbiac,
projet présenté comme “ solution
” au problème des locaux
provisoires nécessaires au désamiantage. La question du
retard que cela induirait pour le chantier de
désamiantage est occultée.
1996:
- Février :
parution des
décrets 96-97 et 96-98
améliorant respectivement la protection “ de la population
contre les risques sanitaires liés à une
exposition à l’amiante dans les immeubles
bâtis ” et celle “ des travailleurs
contre les risques liés à l’inhalation des
poussières d’amiante ”.
- 24 mai :
Réuni en assemblée
générale extraordinaire, le Comité
Anti-Amiante Jussieu décide à
l’unanimité moins une voix de déposer
plainte.
- Juin : Le
rapport INSERM “ Effets sur la
santé des principaux types d’exposition à
l’amiante ” évalue le nombre de
décès par cancer dû à l’amiante
en 1996 à un minimum de 1950, 750
par mésothéliome et 1200 par
cancer broncho-pulmonaire, ce nombre étant
appelé à croître dans les années futures.
- Juin : annonce de
l’interdiction de l’amiante en France à
compter du 01-01-1997.
- 14 juillet : annonce de
Jacques Chirac, Président de la
République “ il n’y aura plus d’étudiants
à Jussieu à la fin de l’année ”.
- 15 juillet : mise
en place de la “ mission Jussieu ”,
comprenant les établissements du
campus, les syndicats et le
Comité Anti-Amiante Jussieu.
- Septembre : annonce par
François Bayrou, ministre de
l’éducation, d’un plan de désamiantage et
mise en sécurité du gril en 3 ans, avec
un financement de 1,2 milliard et
41 000m2 de locaux provisoires (10 000 m2 sur le campus, 15
000 m2 à Gentilly, 16 000 m2 au CEA).
- Dépôt de plainte par le
Comité
Anti-Amiante Jussieu avec des ersonnes atteintes
de maladie professionnelle liée à
l’amiante pour abstention délictueuse et coups et
blessures involontaires.
- Début du désamiantage et de l’amélioration
de la
sécurité incendie de 3 demi-étages
d’un laboratoire de physique (GPS) ayant
été gravement pollué par
l’amiante lors d’une inondation. Sous
maîtrise d’oeuvre de Technip, ce
désamiantage d’un laboratoire expérimental “ lourd
” se fait sans locaux tampons et se terminera en juin 1997.
- 4 décembre
: confirmant
les propos oraux du ministre
de l’éducation, un contrat de désamiantage et de
mise en sécurité du gril en 3 ans est signé
entre François Bayrou et les chefs des 3
établissements du campus (J. Lemerle pour Paris 6, J.-P.
Dedonder pour Paris 7 et V. Courtillot pour l’Institut de Physique du
Globe de Paris).
- 26 décembre
: Claude Allègre,
ancien conseiller pour l’enseignement
supérieur de Lionel Jospin quand ce dernier
était ministre de l’éducation
et ancien directeur d’un
des 3 établissements du campus est le seul à
s’élever contre la décision de désamiantage
de Jussieu (dans un article paru dans Le Figaro “
Claude Allègre : le refus du risque, voilà
l’ennemi! ”, suivant un article paru dans Le Point en octobre
: “ Amiante : où est le scandale ? ”) au nom
notamment d’une “ philosophie ” des risques (“ une
société qui n’assume pas les risques est une
société vouée à la mort car seule la mort
est sans risque ”).
1997:
- Janvier : début
des travaux provisoires d’urgence qui consistent
à poser des films adhésifs sur
les faux-plafonds perforés, des bavettes au
bord des fenêtres et fermer les gaines
techniques, limitant ainsi la pollution par l’amiante.
- 17 avril :
création de l’Etablissement Public du Campus de
Jussieu chargé de conduire les travaux
de désamiantage et de mise en
sécurité.
- 2 juin : Lettre du
Comité
Anti-Amiante demandant à Lionel Jospin de ne pas
confier la gestion du dossier de l’amiante à Jussieu
à Claude Allègre, compte-tenu de son implication
dans le dossier et de sa négation du problème de
santé publique posé par l’amiante.
- 3 juin : arrivée de
Claude
Allègre à l’éducation.
- Juillet : mise en place
d’un comité consultatif qui ne comprend pas le
Comité Anti-Amiante Jussieu et qui surreprésente l’IPGP
(le laboratoire de Claude Allègre).
- Septembre : constatant
que les travaux de désamiantage et
de mise en sécurité n’ont pas
commencé, le Comité Anti-Amiante Jussieu
porte plainte pour mise en danger d’autrui en matière d’amiante
et de sécurité incendie. 80 personnes et les
syndicats se joignent à cette plainte.
- 9 octobre : lors
d’une conférence de presse
réservée à quelques journalistes
triés sur le volet, l’Etablissement Public du Campus de
Jussieu après avoir certifié que
“ les risques liés à la
présence d’amiante sont aujourd’hui
stabilisés ” annonce un nouveau
programme de désamiantage
commençant par...une barre “ prototype ”, [...], “ le
traitement des 3 barres suivantes sera engagé (hiver
98-99). Les locaux dont la construction était prévue sur
les terrains du ministère de l’éducation nationale
à Gentilly sont abandonnés.
- Mi-octobre :
Le rapport Le Déaut
pour l’Office parlementaire d’évaluation
des choix scientifiques et techniques,
intitulé “ L’amiante dans l’environnement de l’homme : ses
conséquences et son avenir ” relève “
une léthargie certaine au ministère de
l’Education Nationale ” soulignant que “ c’est la
gestion de la présence d’amiante
sur le campus Jussieu
qui apparaît difficilement compréhensible
puisque, dès 1975, à la faveur d’une action
du Comité anti-amiante, on connaissait
l’existence de flocages d’amiante en mauvais état à
Jussieu ”.
- 20 octobre : le
Tribunal Administratif de
Paris, saisi par le Comité Anti-Amiante
Jussieu qui demande un constat d’urgence sur la
sécurité amiante et incendie sur le
gril Albert, désigne un expert pour effectuer ce constat.
- 25 novembre :
l’expert auprès du Tribunal
Administratif de Paris remet un rapport éloquent : des
gaines techniques qui auraient dû être fermées
sont ouvertes, des plastiques se
décollent et de nombreux
manquements à la
sécurité incendie
dans les Etablissements Recevant du Public sont
pointés : ils relèvent pour la plupart d’une
mauvaise utilisation des bâtiments : portes
à mi-couloir fermées, couloirs encombrés,
sorties de bibliothèques condamnées
bloquant ainsi l’évacuation dans
un établissement recevant 40 000 étudiants et
10 000 personnels et qui ne dispose pas d’un
signal d’alarme incendie. Les problèmes
liés à la structure du
bâtiment ont fait et feront
l’objet d’autres expertises.
1998:
- Février
: rapport Casso sur la
sécurité incendie sur le gril Albert.
Parmi l’ensemble des problèmes
recensés, on trouve les sureffectifs et la faible
tenue au feu de la structure qui sera évaluée
en octobre à 10 minutes au lieu des 1h30
réglementaires.
- Avril : annonce d’un
nouveau calendrier en 5 ans par l’EPCJ
dans “ Flash Info n°1 ”.
Présenté comme plus “ réaliste ”
que le calendrier en 3 ans de la SETEC et du contrat de
désamiantage, le calendrier de l’EPCJ annonce le
lancement des travaux sur la 1e barre (2,5% de
la surface à traiter) pour mai 1998,
puis le lancement de 3 autres barres en janvier
1999 avec une livraison prévue à
l’été 2000. Il est prévu de traiter 8 barres par
an.
- 29 juillet : Claude Got
remet un rapport commandé par la
ministre de l’emploi, Martine Aubry, sur “ la
gestion du risque et des problèmes de santé
publique posés par l’amiante en France ” dans lequel
il donne à propos du désamiantage de Jussieu son
avis à la date du “ 30 avril 1998 ”. Claude Got ne manque pas de
relever les problèmes liés à
la présence d’amiante, malgré
les mesures provisoires d’urgence, et les
problèmes de sécurité incendie. A propos du
nouveau calendrier annoncé par l’EPCJ, Claude Got
écrit “ Il est possible d’accepter l’allongement des
délais prévus par le plan précédent
de trois à cinq ans. Le gouvernement perdrait toute
crédibilité sur ce dossier si les décisions des
mois à venir prouvent que ce
nouveau délai ne sera
pas respecté. ”
- Octobre : les
présidents des
universités Paris 3 et Paris 7
s’accordent pour déloger de
Censier des enseignements de psychologie qui y
étaient hébergés depuis 25 ans.
- 2 novembre :
les enseignements ainsi
délogés de Censier sont relogés dans
des locaux du gril Albert occupés auparavant par des
enseignements de Paris 6 et qui venaient d’être
libérés de leurs occupants pour être
désamiantés, retardant ainsi le désamiantage
et posant des problèmes de sécurité
incendie pour les étudiants.
- 23 novembre : lettre du
Comité Anti-Amiante à Lionel Jospin pour lui
indiquer que depuis que Claude
Allègre est en charge du dossier du
désamiantage de Jussieu, pas une fibre
d’amiante n’a quitté le campus dans
le cadre des travaux, pas une seule
opération de construction de
locaux provisoires n’a été
entreprise, montrant si besoin
était l’absence de volonté
politique de résoudre
le problème de
santé publique.
- 24 décembre
: le Comité
Anti-Amiante Jussieu dépose un recours pour
excès de pouvoir auprès du Tribunal
Administratif de Paris, demandant l’annulation de la décision du
président de l’université Paris 7, relogeant
les enseignements de psychologie dans des
locaux venant d’être
évacués en vue
du désamiantage.
1999:
- 22 février :
le Tribunal Administratif
donne raison au Comité Anti-Amiante en
prononçant l’annulation de
la décision de relogement des enseignements de
psychologie.
- Le relogement des étudiants de psychologie en
dehors
du chantier programmé de désamiantage
ne sera effectif qu’à la
rentrée 1999-2000.
- Septembre :
début du
déménagement du
secteur dit des “ théoriciens ”
qui vont occuper des locaux loués à
Chevaleret. Cela libère complètement 3
barres dont la mise en travaux est prévue et
en laisse 4 autres à moitié vides.
- Décembre : Alors
que l’on aurait dû voir la
fin du désamiantage, selon les engagements pris au nom de
l’Etat par François Bayrou, seulement une barre
est désamiantée (soit 2,5% de la
surface à traiter) et cette unique
barre n’est même pas
livrée, sa rénovation n’étant pas
achevée. Tel est le bilan consternant de
l’Etablissement Public sous la tutelle de Claude
Allègre. Il ne s’agit à l’évidence pas
de problèmes techniques (le même maître
d’oeuvre avait déjà conduit le
désamiantage et l’amélioration de la
sécurité incendie sur 3 demi-étages
d’un laboratoire lourd de physique de septembre
1996 à juin 1997) mais d’un manque
de volonté politique.
- Le campus Jussieu compte à cette date 59
personnes reconnues en maladie professionnelle liée à
l’amiante dont 4 sont décédées des suites
de cette maladie (2 par mésothéliome et
2 par cancer du poumon).
2000
- Avril : Le bilan de 3 ans
d’existence de l’EPCJ est le même
qu’en décembre avec la livraison toujours en attente
de la 1e barre et le lancement des travaux sur 3 barres. Au
total, les travaux sont engagés sur 10% du campus et la
livraison des 3 barres est censée avoir lieu fin 2001.
- 4 mai :
audience devant
la CIVI de Paris (Commission
d’Indemnisation des Victimes d’Infraction) pour les 13
premières personnes en maladie professionnelle
liée à l’amiante à Jussieu ayant
déposé une demande d’indemnisation.
- Juin : Décision du
Tribunal Administratif de Marseille qui pour
la première fois, déclare l’Etat
“ responsable des conséquences dommageables
du décès ” de 4 personnes
dû à l’amiante. L’état n’est pas
condamné en tant qu’employeur, mais pour ne
pas avoir édicté la réglementation qui
s’imposait en présence d’un danger
avéré, notamment en
tardant à transposer des
directives européennes
abaissant l’empoussièrement
par l’amiante.